Une déclaration des Palestiniens et des Peuples Autochtones de l’Île de la Tortue : Notre terre, c’est notre vie, elle n’est pas à prendre !

Nous, Palestiniens souverains et autonomes, ainsi que Peuples Autochtones de l’Île de la Tortue, appelons les Peuples Autochtones du monde entier à nous rejoindre en cette Journée de la Terre (Yom al-Ard) dans une lutte commune contre le génocide, l’écocide, le colonialisme, l’impérialisme et le fascisme.

Depuis 1976, le 30 mars est une journée de commémoration pour les Palestiniens : la Journée de la Terre (Yom al-Ard), symbole d’unité, de résistance et d’attachement indéfectible à notre terre. C’est une journée internationale pour défendre la terre et la liberté, partout dans le monde.

Le discours colonial tente de réduire la terre à une simple propriété ou ressource, mais nous rejetons cette vision destructrice. Pour nous, la terre n’est pas un bien matériel que l’on peut s’approprier ou exploiter. Elle est un être vivant, un parent que nous chérissons et protégeons. Elle est la source de nos langues, de nos cultures, elle nous relie à nos ancêtres et ouvre un chemin vers les générations futures. Les Peuples Autochtones sont les gardiens légitimes de leurs terres, et nous avons la responsabilité de les défendre contre ceux qui les pillent et les détruisent.

En tant que Peuples Autochtones de ce que l’on appelle aujourd’hui le Canada, nous nous tenons aux côtés des Palestiniens dans ce qui est l’une des dernières grandes luttes anticoloniales. Nos histoires sont liées : nous avons tous été victimes de génocide et de dépossession. « Depuis plus de 75 ans, le gouvernement israélien mène un génocide contre les Palestiniens, un processus qui reflète de manière troublante l’histoire des Premières Nations sur l’Île de la Tortue : nettoyage ethnique, destruction des écosystèmes, attaques ciblées contre les femmes et les enfants, famine organisée, suppression des savoirs autochtones, expulsions et spoliations. » D’ailleurs, les lois d’apartheid israéliennes et la Loi sur les Indiens du Canada reposent sur la même logique : séparer les peuples autochtones de leurs terres, les isoler et les priver de leurs droits.

Plus récemment, le président américain Donald Trump a suggéré que Gaza soit vidée de ses habitants palestiniens et transformée en une riviera sous contrôle américain, réservée aux élites fortunées. Il a aussi plusieurs fois insinué que les terres autochtones du Canada devraient être annexées aux États-Unis, et son administration a tenté d’acheter le Groenland, territoire inuit.

Tout cela constitue une attaque frontale contre la souveraineté des Peuples Autochtones, contre leur identité et leur droit à l’autodétermination. Il serait tentant de balayer ces propos d’un revers de main, mais nous n’avons pas ce luxe. Nos peuples ont survécu et résisté à plus de 500 ans de génocide, nous n’allons pas abandonner maintenant.

Le blocus, les bombardements et le nettoyage ethnique en cours à Gaza, ainsi que l’annexion de la Cisjordanie, révèlent au grand jour l’hypocrisie d’Israël et des puissances occidentales. Nous assistons, impuissants, à un génocide alimenté par un racisme assumé et une avidité sans limite – le tout soutenu par l’appareil militaire et nucléaire le plus puissant au monde.

Mais ni les massacres ni l’occupation ne viendront à bout de notre peuple, de notre souveraineté ou de notre détermination. Nous avons le droit légitime de défendre nos terres contre le colonialisme, l’exploitation et l’oppression. Nos terres ne sont pas à vendre, elles sont l’essence même de notre existence. En d’autres termes : nous sommes la terre. Nous rejetons toute forme de domination coloniale et nous luttons pour la libération de notre peuple et de notre territoire. Nous ne partirons jamais. C’est le colonialisme qui n’a pas d’avenir.

Le génocide qui frappe aujourd’hui le peuple palestinien, que ce soit sur sa terre ou en exil, s’inscrit dans la même logique que l’extermination des nations et des tribus autochtones par les colonisateurs, qui occupent nos terres depuis des siècles.

Nous n’avons jamais cédé nos terres, et la résistance autochtone ne s’est jamais arrêtée. Le moment est venu d’intensifier nos actions, nos manifestations et notre mobilisation contre les États impérialistes et coloniaux qui pillent nos territoires, mais aussi contre les multinationales qui en tirent profit. Nos luttes sont liées, que ce soit contre la machine de guerre américaine, contre les compagnies minières canadiennes qui ravagent l’Amérique latine et font disparaître ses peuples autochtones, ou contre les multinationales occidentales qui exploitent les ressources des peuples des Philippines.

Les États-Unis et le Canada ont bâti leur richesse sur le vol des terres autochtones et l’exploitation des peuples africains. Cette richesse volée est ensuite utilisée pour soutenir le projet colonial sioniste en Palestine occupée. Mais même cela ne leur suffit pas. L’impérialisme ne connaît pas de limites. Son vrai visage, brutal et sans pitié, est aujourd’hui exposé aux yeux de tous.

En cette Journée de la Terre et au-delà, nous appelons les peuples du monde entier à honorer la lutte des Palestiniens et des Autochtones par l’action, par l’organisation et en adoptant les valeurs qui ont toujours guidé nos peuples dans la protection de leurs terres : la justice sociale, la solidarité, la dignité humaine.
Avec amour et détermination, nous traçons une voie pour les générations futures. Nous refusons de détourner le regard face à la barbarie et au génocide. Cet appel est une invitation à imaginer ensemble un nouveau monde, fondé sur la force et l’héritage de nos ancêtres.

Ensemble, nous réduirons l’oppression en poussière.
Libérez les peuples.
Libérez la terre.
Libérez la Palestine.
Peuples Autochtones du monde, unissez-vous !

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